

LE BÂTIMENT
Bruno St-Jean
Le Sherbrooke, avec sa silhouette emblématique qui marque l’entrée du centre-ville, est le fruit de centaines de croquis et d’ébauches. Bruno St-Jean, architecte associé chez NEUF Architect(e)s, nous parle de ce projet qui lui est cher.
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Plus de 200 esquisses ont permis d'atteindre l'équilibre parfait entre volume, espace et silhouette.


LA COUR INTÉRIEURE
Patricia Lussier
Atout rare à Montréal, Le Sherbrooke offre une cour intérieure avec débarcadère. Patricia Lussier, architecte paysagiste chez Lemay, nous dévoile la vision derrière cette entrée de prestige.
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LA BALLERINE
MALGORZATA CHODAKOWSKA
Née et œuvrant en Pologne, Małgorzata Chodakowska est sculptrice. Ses bronzes aux silhouettes gracieuses sont de véritables œuvres d'art, des fontaines émouvantes qui célèbrent la féminité et le perpétuel mouvement de la vie. Artiste accomplie, elle signera la pièce maîtresse de la cour intérieure du projet.
LIRE L’ENTRETIENLES INTÉRIEURS
ANDRES ESCOBAR
Andres et Lemay Architectes ont collaboré pour concevoir les intérieurs du Le Sherbrooke avec une intention claire, soit celle de conférer un prestige international à Montréal.
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Un entretien avec
l’architecte
Bruno St-Jean

QUELLE EST L’HISTOIRE DERRIÈRE LE SHERBROOKE?
Puisque c’est un site que je connais depuis plus de 30 ans, le contexte est intéressant. J’ai
travaillé sur le premier changement de zonage en 1987, puis au fil des ans, j’ai conçu plusieurs
propositions pour le site, mais ce n’était jamais le bon moment pour démarrer le projet.
POURQUOI EST-CE UN SITE SI CONVOITÉ?
Parce que c’est un joyau caché. Que vous arriviez de l’ouest ou du nord, c’est la porte d’entrée du
centre-ville. Le potentiel symbolique du site est exceptionnel, d’autant plus que la rue Sherbrooke
est l’une des plus jolies artères de Montréal.
QUELLE A ÉTÉ VOTRE PROPOSITION ARCHITECTURALE POUR LE SHERBROOKE?
Créer un immeuble dégageant une grande élégance en harmonie avec les bâtiments prestigieux de la rue
Sherbrooke. Ces derniers ont tous en commun d’avoir des proportions plus larges que haute,
comprenant toujours un volume central et deux ailes.
Nous avons donc proposé une tour avec trois volumes avancés et, entre eux, des murs rideaux quelque
peu en retrait. Ce tracé vient briser l’aspect massif de l’immeuble en intégrant une tranquillité
visuelle et crée quelque chose de contemporain, mais qui puise son inspiration dans le passé.
Pour le haut du bâtiment, plutôt qu’un toit plat, nous avons élevé le volume du centre. Ce faisant,
nous avons perdu un peu d’espace, mais avons créé des terrasses pour les suites exécutives et les
penthouses, de magnifiques espaces extérieurs qui offrent une vue sur le mont Royal. Compte tenu de
l’orientation de l’immeuble, les couchers de soleil sont tout simplement magnifiques à partir du 10e
étage.
LA COUR
Patricia Lussier

COMMENT VOTRE COLLABORATION AVEC BROCCOLINI A-T-ELLE COMMENCÉ?
Broccolini a lancé un concours pour déterminer qui allait créer l’architecture de paysage de la cour
intérieure. L’entreprise avait établi ce qu’elle désirait ainsi que les principaux éléments qu’elle
recherchait. Ce fut notre point de départ pour créer le concept, l’imagerie, le narratif… et nous
avons été retenus.
QUEL EST LE « NARRATIF » ET QU’AVEZ-VOUS PRÉSENTÉ?
Nous avons considéré l’histoire du Mille carré doré et créé une interprétation paysagère qui reflète
le quartier et son histoire : la montagne avec ses vergers et les domaines des grands magnats
écossais et britanniques qui possédaient des demeures agrémentées d’une cour intérieure et de
jardins. À partir de cela, nous nous sommes inspirés du tartan écossais pour définir la trame
organisationnelle de l’espace, avec un motif de pavage qui vient dicter où se trouve la couche de
végétation et où s’insèrent le mobilier et les éléments d’éclairage, ces derniers voulant évoquer
l’aspect « joyau » du quartier.
QU’EST-CE QUI EN FAIT UNE COUR PRESTIGIEUSE?
La cour est aménagée de façon très classique exprimant une symétrie assumée mettant en scène à la
fois des matériaux nobles, de riches textures et des couleurs scintillantes, une végétation
luxuriante et un mobilier extérieur unique propice au repos et à l’appropriation. Un bassin d’eau
s’inscrit au cœur de la cour et devient le point de convergence des déambulations et des regards
curieux et admiratifs. Ce miroir d’eau imposant et réfléchissant devient le socle d’où s’élève une
ballerine de bronze et d’eau, œuvre de l’artiste Malgorzata Chodakowska.
ET QU’EN EST-IL DES VÉGÉTAUX?
L’ensemble de l’espace de végétation est très riche, avec des arbustes et des plantes grimpantes
luxuriantes d’un vert profond qui évolue vers un jaune brillant à l’automne. Des arbres
représentatifs de la forêt du mont Royal, comme des érables et des caryers, ainsi que des essences
indigènes résistant aux conditions urbaines et offrant de la prestance ont été plantés.
SELON VOUS, QUEL EST LE POINT FORT DE CET AMÉNAGEMENT?
Toute la matérialité est assez riche : l’aspect tactile, l’éclat et les couleurs sont rehaussés.
Nous avons choisi la végétation et la qualité des matériaux pour créer une esthétique soignée,
visible au premier coup d’œil… Je suis vraiment fière de ce projet.
Un entretien avec sculptrice
MALGORZATA
CHODAKOWSKA

POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI LA SCULPTURE?
J’aime travailler et m’entourer de beauté, de formes harmonieuses et de pensées positives. C’est ce
que je souhaite offrir aux gens pour les inspirer dans leur quotidien, mais aussi pour toucher leur
âme et, je l’espère, provoquer un sourire.
QUI SONT VOS MODÈLES?
Mes modèles sont des danseuses, dont la plupart ont des carrières internationales. En tant que
femme, je trouve important de représenter le corps féminin et combien il peut être puissant et
délicat à la fois. Je vois les femmes comme des créatures divines, porteuses de secrets.
QUEL EST VOTRE PROCESSUS ARTISTIQUE?
Je sculpte d’abord le corps fidèlement à partir de la pose de la danseuse, puis la sculpture est
coulée dans du bronze. Mais c’est au moment où l’eau la traverse que l’œuvre prend véritablement
vie. Ce moment d’émerveillement, le public le vit aussi la première fois qu’il découvre la
sculpture. C’est là ma plus grande joie.
Un entretien avec
le designer
Andres Escobar

DITES-NOUS… QUI EST ANDRES ESCOBAR?
Je suis designer depuis un certain nombre d’années. J’ai commencé en Europe, puis j’ai fait des
projets hôteliers en Inde. J’ai aussi travaillé à Abu Dhabi et à Dubaï. Dans les années 90, j’ai eu
l’occasion de réaliser un projet à Williamsburg, à New York. Ce qui devait durer un ou deux ans a
duré trois, quatre, cinq ans… Ça fait 20 ans que je travaille entre New York et Montréal.
COMMENT EN ÊTES-VOUS VENU À TRAVAILLER SUR LE SHERBROOKE?
Broccolini m’a approché pour que j’infuse mon style new-yorkais dans l’esthétique du projet. Anthony
et Michael, la nouvelle génération des Broccolini, sont plutôt avant-gardistes et font preuve de
discernement. Nous avons rapidement tissé une relation de confiance et c’est ce qui fait le succès
d’un projet.
QUEL A ÉTÉ LE RÔLE DE LEMAY + ESCOBAR DANS LE PROJET?
Nous avons fait tout le design architectural : la planification de l’espace et le programme, le
rez-de-chaussée et les aires communes. Nous avons proposé des idées qui dépassaient les demandes
initiales. Par exemple, nous avons proposé que les penthouses aient une véranda, puisque la plupart
des demeures du Mille carré doré avaient leur propre « conservatory », pas des verrières, mais bien
des jardins d’hiver à l’anglaise.
COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS L’ENSEMBLE DU DESIGN ARCHITECTURAL DU PROJET?
Les commodités ont été pensées pour ressembler à celles d’un hôtel cinq étoiles et même les
surpasser. Le hall d’entrée, réservé aux suites exécutives et aux penthouses, est bien équipé,
raffiné, très cosmopolite. Nous pourrions nous croire à New York, à Paris, ou encore à Londres.
Cette grandeur a sa place à Montréal.
Le hall d’entrée de l’autre aile est plus contemporain. Il s’adresse à des gens raffinés qui sont
plutôt de jeunes professionnels. Nous voulions que ça soit cool et branché.
QUEL EST VOTRE ÉLÉMENT PRÉFÉRÉ?
La piscine intérieure, sans hésitation. Je voulais une piscine dont les gens rêvent, longue et
étroite, agrémentée d’une cascade en fond qui coule en permanence. Comme une œuvre d’art. Où
trouverait-on cela? À l’hôtel Bulgari, à Milan, ou dans un spa haut de gamme en Scandinavie. Je me
suis dit : « Pourquoi ne pas offrir cette chance aux Montréalais? »